top of page

L'ÉGLISE SAINT-HILAIRE

HISTORIQUE

LE XIIIᵉ SIÈCLE :

C’est à l’extrémité occidentale du bourg neuf créé à la fin du XIIᵉ siècle ou plus probablement au début du siècle suivant, que l’église paroissiale Saint-Hilaire fut construite ex nihilo aux alentours des années 1220-1240 et dont les travaux furent visiblement menés d’est en ouest. Sa desserte est assurée, dès 1233, par les chanoines prémontrés de l’abbaye de Corneux, vers Gray. Cette date semble donc indiquer que l’église était en fonction au moins partiellement.

 

L’édifice originel se composait d’une nef à trois vaisseaux, longue de quatre travées voûtées d’ogives sur le vaisseau central et d’arêtes  sur les collatéraux. Ces derniers se prolongeaient à l’est, chacun, par une chapelle (Sainte-Catherine, actuellement du Sacré-Cœur, et Saint-Jean-Baptiste) voûtées d’ogives qui encadraient la première travée du chœur supportant le clocher. A l’origine formé de deux seules travées aux volumes fortement hiérarchisés, le chœur architectural se terminait très probablement par un chevet plat.

 

Cette esthétique faite de simplicité et de dépouillement est conforme au goût et aux aspirations spirituelles ayant cours dans le comté de Bourgogne, depuis le siècle précédent, où le retour à la simplicité de l’Eglise était encouragé par la réforme grégorienne. Comme dans nombre d’édifices comtois contemporains, le plan y est donc simple, l’élévation n’est qu’à deux niveaux, la muralité y est affirmée, les baies en arc brisé relativement petites sont placées haut près des voûtes et le décor sculpté y est parcimonieux.

 

L’église Saint-Hilaire est un original mélange entre la permanence de formules architecturales encore romanes dans l’esprit (étagement des volumes, voûtes d’arêtes, piles cruciformes…) et les innovations techniques de l’art gothique (colonnes à chapiteaux à crochets, voûtes sur croisée d’ogives…) dont la diffusion se fit grandement par l’intermédiaire des moines blancs. Ainsi un fort tropisme cistercien imprègne cette église. Rien de très étonnant à cela, quand on connaît la proximité des seigneurs de Pesmes, dont Guillaume IV (1220-1248) possible commanditaire de l’édifice, avec les abbayes cisterciennes d’Acey (Jura) et de Cherlieu (Haute-Saône), dont ils étaient des protecteurs et des donateurs importants.

 

Ce sont ces formes empreintes d’austérité qui, dès le XIXᵉ siècle, conduisirent les érudits à voir dans les deux travées occidentales du chœur les vestiges d’un édifice du XIIᵉ siècle. En réalité, il n’est est rien. Ces hypothèses ne résistent pas à une analyse sérieuse du bâti et sont dues à une erreur d’interprétation d’un document d’archive, daté de 1178, qui, en réalité, concerne l’église du château construite à l’opposé de l’église Saint-Hilaire et non cette dernière.

 

LE XIVᵉ SIÈCLE :

Entre 1381 et 1396, la chapelle seigneuriale dédiée à Saint-Jean-Baptiste est détruite pour être reconstruite dans de plus amples proportions, afin de servir de chapelle funéraire à Marguerite de Vergy et à son époux, Jacques de Granson, seigneur de Pesmes, décédé en 1381. Elle adopte un élégant style rayonnant fait d’importantes baies aux remplages complexes et aux piles très fortement fasciculées. Au sud, un porche disparu y donnait accès directement depuis l’extérieur.

 

LE XVIᵉ SIÈCLE :

Il faudra attendre l’âge d’or du XVIᵉ siècle, période de paix et de prospérité dans toute la Comté, pour voir se réaliser d’importants travaux, lesquels modifieront profondément la physionomie de l’église. En 1524, le chœur est augmenté de deux travées couvertes comme la seconde travée du XIIIᵉ siècle (dont la voûte plus basse est détruite) de voûtes flamboyantes à liernes et à tiercerons. Devenu polygonal, le chevet est désormais éclairé par de grandes fenêtres à réseaux.

 

Entre 1555 et 1590, les parties occidentales sont étendues. La façade gothique (à l’exception du portail) disparaît derrière un ample porche voûté en berceau plein-cintre surmonté d’une chapelle haute dédiée à la Sainte-Croix. Les bas-côtés quant à eux sont prolongés chacun par une chapelle (du Rosaire, au nord et Mairot ou du Saint-Sépulcre, au sud). De cette époque date aussi l’escalier en vis hors-œuvre donnant accès à la chapelle haute ainsi qu'à la tribune qui, elle, sera construite postérieurement.

Enfin, entre 1556 et 1563, la chapelle de la Résie (attestée depuis le XIVᵉ siècle) ouvrant sur la travée orientale du collatéral sud est modifiée par Pierre d’Andelot, abbé de Bellevaux, afin d’en faire sa chapelle funéraire ainsi que celle de son frère Jean (mort en 1556) premier écuyer de l’empereur Charles Quint et bailli de Dole. Véritable chef-d’œuvre de la Renaissance comtoise, avec son dallage, ses reliefs et ses rondes-bosses en albâtre et pierres marbrières du Jura (rouges, blanches et noires), elle fut réalisée (à l’exception des trois statues féminines du retable attribuées à l’école troyenne et des orants sculptés par Claude Arnoux, dit Lulier) par l’artiste comtois Denis Le Rupt qui a œuvré, entre autres, à la collégiale Notre-Dame de Dole, alors capitale du comté de Bourgogne.

 

LES XVIIᵉ, XVIIIᵉ ET XIXᵉ SIÈCLES :

 

Probablement dans le courant du XVIIᵉ ou du XVIIIᵉ siècle (les archives sont muettes sur ces travaux), une sacristie vient prendre place contre la chapelle du Sacré-Cœur et la seconde travée du chœur.

Quant à la tribune de l’orgue, on peut envisager sa construction durant le XVIIᵉ siècle, la présence d’un orgue étant attestée, par les archives, en 1699.

           

Vers 1759, les baies des bas-côtés décrites par les sources comme étant de « simples canonières » sont agrandies, afin de faire davantage pénétrer la lumière.

En 1773, un incendie ravage 63 maisons du village et la toiture de l’église. Le clocher ruiné est alors reconstruit, d’après les plans de l’architecte bisontin François-Lazare Renaud. Plus élancé que celui d’origine qui possédait une toiture en pavillon « de 35 pieds d’élévation… couverte de thuile plombée et à compartiments », il est adopte un sobre style classique à pilastres d’angles couronnés de chapiteaux toscans et est couvert d’un dôme à l’impériale aux chatoyantes tuiles émaillées.

 

Au cours de la période révolutionnaire, l’édifice n’est pas trop endommagé, à l’exception de la chapelle de la Résie qui est saccagée, en janvier 1792, par des gardes nationaux. Ces derniers s’acharnent aussi sur les écussons, les armoiries et les pierres tombales ; le tombeau des La Baume Montrevel, œuvre du sculpteur bisontin Luc Breton, est entièrement détruit. Enfin, l’église est fermée au culte, le 13 Messidor de l’an II (1er juillet 1793).

 

Depuis le XVIIIᵉ siècle, Saint-Hilaire connaît des problèmes récurrents de toiture. Dans un devis daté de 1822, le préfet indique que « la couverture de la dite église, négligée depuis la Révolution française, est considérablement dégradée,  il pleut de toute part sur la charpente et la voûte. » la couverture de la nef est refaite, sa charpente qui pesait sur les reins des voûtes est reconstruite sur les murs gouttereaux surhaussés, à cette occasion d’une cinquantaine de centimètres. Toutes les couvertures des chapelles sont restaurées ; les murs intérieurs, quant à eux, sont blanchis et les piliers peints de « couleur brune granitée ».

 

Outre sa très belle architecture, l’église Saint-Hilaire renferme de nombreux objets mobiliers de grande qualité (chaire à prêcher du XVIᵉ siècle, superbe triptyque de 1561, dû au peintre Jacques Prévost, né à Gray ou à Pesmes, tableaux, peinture murale, sculptures et boiseries) que nous vous encourageons vivement à découvrir.

HORAIRES D'OUVERTURE

L'édifice est ouvert au public :

  • Tous les jours de 9h00 à 18h00 (et jusqu'à 19h00 en période estivale), entrée par la porte latérale ;

  • Des visites guidées ont lieu régulièrement, notamment pendant les Journées européennes du patrimoine. Prenez vos renseignements auprès de l'Office du tourisme.

Adresse : 11 rue Gentil, 70140 Pesmes

bottom of page